En quittant le woofing, on quitte aussi la pluie et le froid. Cela tombe bien, c’est exactement ce que l’on voulait. Direction la péninsule du Coromandel, destination prisée des néo-zélandais pour les vacances.
On part tôt pour Hot Water Beach, une plage sur laquelle il est dit qu’il suffit de creuser un peu pour voir apparaitre de l’eau chaude. Il fait beau. La marée est basse. Le calendrier est parfait. On s’équipe de nos maillots de bain et d’une pelle. Il fait un peu frais, c’est le matin, 10h00. L’eau chaude nous fera du bien, je me dis, sans trop y croire.
En arrivant près de là où les choses ont l’air de se passer, beaucoup de gens sont en train de retourner le sable pour créer leur petit spa personnel. Touristes, locaux… c’est mélangé. Des gens font des trous dans toutes les langues. Je me dis que c’est plutôt glauque de voir autant d’individus, au même endroit, creuser le sol frénétiquement. Mais bon. Il a l’air d’y avoir une bonne ambiance. Une fois mis de côté l’aspect légèrement ridicule de cette réjouissance folklorique, on se décide avec enthousiasme à joindre nos forces à l’effort collectif.
On cherche un secteur propice. Antonin creuse un trou. C’est froid. Déception. On cherche une autre zone. Autre trou. C’est tiède. J’ai l’impression de chercher de l’or. On se rapproche un peu plus près de la cohue. Encore un trou. Cette fois-ci, c’est chaud bouillant. Une fois le trou arrivé à une taille raisonnable, on s’installe dedans. C’est presque trop chaud. Alors on creuse une rigole pour faire rentrer de l’eau fraiche ramenée par les vagues. C’est parfait.
On y resterait des heures. Aussi parce que le vent est froid et qu’il laisse présager un moment fort désagréable lors du passage de l’état mouillé à sec.
La promiscuité avec les autres fait de l’intimité de ce bain, partagée au grand public, un moment un tantinet gênant. La peau rougie par le chaud, le corps dévêtu, blanchâtre, couché maladroitement dans ce qui n’est autre qu’une grosse flaque. Alors on brise le sable et on fait connaissance avec nos voisins de vapeur. C’est quand-même sympa. Une heure passe ainsi. Le bain refroidi, on se lève et on se sèche rapidement. Quelques courageux en profitent pour continuer leur baignade plus au large, au milieu des vagues. Antonin en fait partie.
L’après-midi, on se dirige vers la plage de Hahei. Le van laissé au parking, on remonte la côte à pieds pendant quelques kilomètres dont une section qui passe au travers d’une forêt aux airs de jungle. Puis on arrive à Cathedral Cove.
C’est beau. Tellement qu’on décidera de rester dans les parages pendant plusieurs jours, afin de photographier cet endroit sous son meilleur jour. Et c’est là que la course vers le soleil commence. Le meilleur moment pour prendre une photo en termes de lumière et de couleur c’est pendant la « golden hour », lorsque le soleil se lève, étincelant, ou qu’il se couche, rasant. On est sur la côte est. Ce sera donc un levé de soleil sur Cathedral Cove. En décomptant le temps qu’il nous faut pour rouler du camping au parking puis pour marcher de la plage à la cathédrale naturelle, on prévoit de se lever à 4 heures du matin.
Le réveil sonne. Aie. On se lève avec l’idée de faire un timelapse. Manque de bol, une poignée de petits chasseurs de lumière a eu la même idée que nous. On s’installe parmi les timelapses en cours. Mais ce matin-là, il ne fait pas beau, et on ne verra pas le soleil.
Ce n’est pas grave, le lendemain on a prévu une virée en kayak, une autre occasion d’admirer la baie et son arche emblématique. Une heure de kayak sur mer pour aller de Hahei Beach à Cathedral Cove. Une heure sur place. Et une heure pour le retour vers Hahei.
Les entrées dans l’eau (du sable vers le large) et les sorties de l’eau (du large vers le sable) sont complexes à gérer à cause des vagues qui pourraient nous renverser si, mal abordées. C’est une question de timing et de synchronisation avec la houle. Mais chaque duo de pagayeurs y parvient sans problème.
Pendant la balade sur l’eau, Hayden et Henry nous en apprennent plus sur l’histoire de cette baie et des mythes maoris qui la composent. Ils sont ultra sympathiques. On discute avec eux. D’où l’on vient. Ce que l’on fait. On l’on va. Tout ça. A un moment, ils nous expliquent que l’on doit se mettre en formation. On rapproche les kayaks entre eux puis on reste agrippé les uns aux autres. Hayden et Henry nous passent d’un bout à l’autre une bâche que l’on va tendre pour se faire un voilier de fortune et profiter de la poussée du vent pour avancer plus vite. C’était drôle.
Une fois sur le sable de Cathedral Cove, on nous offre des cookies faits maison, et un excellent mocaccino ! Ça fait du bien après l’effort. Puis trajet kayak en sens inverse.
Après plusieurs jours dans la même zone, on remonte encore un peu la péninsule. Nous voulons aller voir la plage de New Chums. Là encore, inaccessible en voiture, il nous faut marcher le long de la côte pour accéder à cette plage recluse plus loin, à l’abris des regards, complètement cachée du monde. Défi : traverser un torrent de rochers en 40 minutes pendant que la marée est basse sous peine de se retrouver coincé au bord de la falaise.
Et puis, on y arrive. Personne. Il fait beau et chaud. Je bronze. C’est la pleine après-midi. Ce n’était qu’un repérage. Il nous faudra revenir aux premières heures du jour suivant pour prendre des photos. Rebelote, levés à 4 heures. On descend sur le sable, on enlève les chaussures que l’on tient à la main, et on traverse le rempart rocheux à la frontale. On y arrive. Encore déserte. Et toujours belle. On installe le hamac sur la plage et je décide d’écrire un peu.
Antonin, lui, part explorer la zone. Il veut monter « tout là-haut » me dit-il.
Plusieurs minutes passent. Je lève la tête vers l’objet de son ascension et j’aperçois au sommet un petit trait. C’est lui. Je me demande à ce moment-là si l’on se regarde.
On finira notre séjour dans la péninsule du Coromandel par une randonnée de 4 heures sur la pointe nord. On aime bien aller jusqu’au bout des terres. Le Coromandel Coastal Walkway nous fera passer parmi les vaches, remonter des sentiers ardus et des sommets qui offrent une vue imprenable sur la baie de Fletcher.